L'unité de la physique - Etienne Klein

L'idée selon laquelle la diversité du réel serait sous-tendue par une unité plus profonde est aussi ancienne que la pensée elle-même. Les grandes mythologies le racontent, les premiers philosophes l'affirment, la science moderne en a repris le programme en unifiant d'abord les conceptions du mouvement, de la matière et de l'espace.
C'est que le désir d'intelligibilité ne peut sans doute se passer de l'idée du Un. Toutefois, il ne suffit pas d'inscrire pareille tendance dans la nature humaine pour en valider les réalisations. L'unité qu'on proclame peut très bien se révéler fausse, procéder de la simple incantation, du décret ou du fantasme et exercer une fascination toute dogmatique. Reste que si la pensée parvenait à découvrir, dans les miroirs changeants des phénomènes, des relations éternelles qui puissent les résumer, on pourrait certainement parler d'un bonheur de l'esprit.
A défaut d'être une trame nécessaire de la pensée, le désir d’unité correspond à une nostalgie, à un appétit d'absolu, à une impatience ontologique. Mais aussitôt exprimé, il s'oppose à l'irréductible dispersion des choses. De là semble naître un divorce entre l'esprit qui désire et le monde qui déçoit.
En cette fin de siècle, la puissance de plus en plus affirmée des théories physiques, leur caractère englobant comme leur visée unitaire, incitent à interroger les fondements de la quête de l'unité que poursuivent les physiciens à cerner ses limites et à envisager ses perspectives actuelles.

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